Flâneries artistiques

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« L‘art de flâner dans les musées et d’y émettre une opinion critique. »

   L’ art, voici un vaste sujet que je vais tenter d’aborder à travers un regard lambda mais non moins sensible aux différentes manifestations artistiques. J’ai toujours eu un réel plaisir à flâner dans des musées, des galeries. Je me rappelle encore les cinq-six musées que j’avais arpentés en une journée donnée à Paris car j’avais décidé de voir certains travaux d’artistes dans le seul but d’avoir le privilège de vivre leur art dans un instant privilégié.

Le versant que j’affectionne est l’art par les émotions, les sentiments. Certaines œuvres m’inspirent, m’apportent des réponses dans mon cheminement personnel. Elles ont la capacité parfois de faire remonter des eaux stagnantes à la surface. Un acte bienfaiteur et purificateur, j’irais jusqu’à dire. Elles peuvent de temps à autre lever le voile sur une singulière beauté du Monde que nous oublions.

D’un autre côté, l’art, surtout l’art contemporain, me laisse parfois perplexe. Effectivement, qui décide qu’un tuyau de canalisation fixé au mur ou encore un simple tracé monocolore déposé furtivement sur une toile s’apparentent à de l’art et trouvent sa place dans un musée ?

Tout un flot de questions s’engraine alors dans ma tête. Cela en devient un désordre tempétueux où il m’est impossible d’y ordonner les idées, n’y trouvant aucune réponse satisfaisante et concluante.

Qu’est-ce qui fait qu’une peinture, une sculpture ou encore une photographie admet le qualificatif d’artistique ? Aimons-nous, exposons-nous des œuvres artistiques parce que nous trouvons cela beau à nos yeux ? Dans ce cas, la légitimité du regard est donnée, ici, par le gestionnaire de la galerie ou le conservateur du musée.

Ma perplexité quant à certains choix d’exposition requiert, à première vue, la nécessité d’une explication. Mais une communication de l’artiste sur son œuvre est-elle primordiale ? Est-il nécessaire de comprendre pour l’apprécier, la considérer ? Ou ne l’est-il pas de laisser un espace de liberté à l’opinion du spectateur ?

Trouver une explication à tout prix pourrait provoquer un discours conceptuel lourd, une justification forcée qui imposerait alors au spectateur de l’œuvre un sentiment de non liberté de s’émouvoir, de vivre une expérience sensorielle. Il serait, pour ainsi dire, coincé dans une légitimation artistique qui pourrait ne pas lui correspondre.

En effet, faut-il obligatoirement se raccrocher à un concept pour que l’art existe ? L’art ne pourrait-il pas être aussi le simple fait de porter son regard sur les formes et les nuances colorées d’un paysage ? L’art existerait alors simplement sous nos yeux et ce bel outil notre corps humain nous en permettrait d’en faire l’expérimentation.

Soit dit en passant, pour ma part, l’art n’égalera jamais ce qu’offre notre nature comme spectacle. L’artiste la transcende, la met en exergue plutôt.  Je me suis toujours questionnée sur la manière de partager, à travers la création, ce que je perçois. Est-il possible de recréer à l’identique une atmosphère, un ressenti vécu par une expérience sensorielle et personnelle ?Difficile…, la retranscription en offre une part, elle laisse une empreinte, une saveur…

De ce fait, s’agit-il de voir au travers de l’œil de l’artiste ? De ressentir l’énergie qui l’a traversé pour créer afin d’ouvrir un peu plus le champ sur notre vision du monde ? Cette approche amenerait l’idée d’une prise de conscience d’une pluralité de visions du monde.

Mais quelles intentions se traduisent derrière l’acte de création dans ces conditions ? Quel est l’objet d’origine ? Le travail de la matière, l’idée, un concept novateur, une technique, un message à faire passer, l’utilisation d’un certain matériel, dénoncer, provoquer, innover ? Que vient avant ? L’idée, l’inspiration spontanée, le travail concret de la matière ?

Il y a des fois ou je ne ressens rien face à une œuvre , mais dans ce cas l’absence d’émotions ne serait-il pas aussi une certaine forme d’expression ? Ça se questionne…

Question attenante aux autres ;

Se pose aussi la question de la valeur de l’art, quel prix lui donner ? doit il être payant ? gratuit ? légitimité ? quelle valeur artistique pécuniaire ?

Dans la même veine, au sein des processus créatifs, le fait-on pour soi ? pour être vu ? Existe-t-il une énergie créatrice ? Pourquoi cette sensibilité est-elle plus moins développée selon les personnes ?

Comme je l’ai souligné plus en amont, un flot de questions qui restent pour la plupart sans réponse mais qui cependant donne un rôle d’acteur au spectateur dans ce processus complexe tendant vers ce que nous qualifions d’art. L’art quelque soit la manière dont il s’exprime parlera toujours à quelqu’un.

Il y a des tableaux, des oeuvres qui nous marquent, qui nous interpellent, Nous pleurons, nous nous sentons gênés ou au contraire enveloppés dans une vague de bien-être, nous ignorons, nous critiquons, nous sommes chamboulés, nous restons bloqués, sans raison, sur une prouesse technique en se répétant “mais comment il a fait ca ?!”, nous scrutons de tous côtés comme si en s’approchant de plus près nous y trouverions une réponse immuable….Notre place face à l’art a de multiples facettes.

L’art est là pour nous questionner, créer notre opinion même si nous n’adherons pas forcément à l’objet d’art qui se présente face à nous. Au final l’art, dans un processus de création légale/conscientise, se définit comme art à nos yeux dès que cela évoque, dès que cela fait résonance en nous.

J’ai bien conscience que mes réflexions sont très primaires et donnent une définition très réductrice de ce qu’est l’Art. Ce n’est qu’un aperçu de mon questionnement lorsqu’il m’arrive de flâner dans les galeries d’art et les musées.

J’ai un certain bagage artistique. Mes intérêts sont souvent portés sur la création. Mon but n’est pas de dénigrer ou d’apporter des réponses à ce que l’art peut être considéré. Voyez cela comme une opinion parmi d’autres. Certes, il est peut-être temps que je temporise mes questionnements lors de mes flâneries artistiques et que je privilégie une rencontre dans l’instant présent sans retenue reflective…Mais ne disons-nous pas que toute opinion a sa part de vérité et qu’il est libre à chacun d’y adhérer…?

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